ONERA : La recherche de défense à l'ONERA : concilier réactivité et préparation de l'avenir

L’ONERA est lié à la Défense depuis toujours. Sa tutelle confiée au ministère des Armées illustre le caractère stratégique de sa constitution. Les recherches et parfois même les réalisations de l’ONERA accompagnent l’effort de défense de la France depuis 70 ans. Trois des ateliers de cette UED 2017 concernent particulièrement l’ONERA.

La modernisation des forces nucléaires

L’ONERA est impliqué depuis les débuts de la dissuasion et pour toutes ses composantes actuelles ou passées (aéroportée, océanique, terrestre, stratégique et pré stratégique).
Concernant la composante aéroportée l’ONERA a accompagné son développement par ses travaux sur la propulsion par statoréacteur. C’est son expertise qui a permis le développement du missile nucléaire ASMP (Air Sol Moyenne Portée) premier missile stratégique aéroporté entré en service en 1986. Les travaux de l’ONERA ont également été décisifs dans le développement de son successeur l’ASMPA entré en service en 2009. Aujourd’hui l’ONERA explore les diverses options qui se présentent pour le successeur de l’ASMPA et les principaux axes de recherche concernent notamment :
  • la réalisation des avancées scientifiques nécessaires au développement d’armes hypervéloces. Pour cela un grand nombre de disciplines sont mises en jeu, telles que l’aérodynamique, la propulsion, l’architecture du vecteur, son contrôle et son pilotage.
  • les travaux sur les nouveaux matériaux sont aussi déterminants et intimement liés à la connaissance fine des phénomènes mis en jeu lors de la combustion supersonique.
En ce qui concerne la composante océanique et plus particulièrement les missiles balistiques, l’effort de recherche de l’ONERA se concentre sur des avancées dans la propulsion, le guidage-pilotage, les matériaux et les environnements.

L’ONERA conduit également des programmes de recherche avancée dans le domaine « guidage et navigation » avec - par exemple - la gravimétrie à atomes froids et le développement de systèmes multi capteurs afin d’obtenir des systèmes de géolocalisation / navigation / datation robustes.
Les enjeux scientifiques et technologiques sont importants et la maîtrise par la France des technologies spécifiques à la dissuasion contribuera au maintien de sa place dans le monde.

Les drones et robots dans les forces armées

Dans le domaine des drones et robots, l’ONERA est aux côtés de l’Etat depuis le stade de conception jusqu’à celui de l’évolution des capacités et des usages. Les difficultés que leurs emplois pourraient soulever sont également explorées. L’investissement de l’ONERA dans les drones de défense remonte au début des années 2000 avec la mise au point d’un outil d’ingénierie système basé sur une démarche pluridisciplinaire de conception et d’évaluation d’un drone Haute Altitude Longue Endurance (HALE). Depuis ces travaux fondateurs, l’ONERA – dans ses études de systèmes de drones et de robots – mobilise ses capacités de recherche sur des sujets tels que : l’intelligence artificielle, les outils de certification, l’aérodynamique ou encore les nouveaux capteurs tant optroniques que radars.

Les travaux de recherche liés à la coopération franco-britannique FCAS (Future Combat Air System) doivent contribuer à poser les bases de l’aéronautique militaire du futur. Un axe d’effort à l’ONERA est l’autonomie des avions de combat qui concerne le choix des méthodes décisionnelles et leur intégration dans l’avionique.

L’utilisation d’engins dotés d’autonomie pose des problèmes d’ordre éthique et les recherches conduites à l’ONERA visent à élaborer une représentation formelle de principes et de conflits éthiques ainsi que les modèles de raisonnement automatiques pour les gérer. L’objectif est de valider les stratégies mises au point sur des scénarios issus de situations réelles.
Enfin l’ONERA est aux avant-postes de l’évaluation des méthodes et des technologies de lutte anti drones.

La base industrielle et technologique de défense et de sécurité

Notre industrie aéronautique, spatiale et de défense, nationale et européenne, est l’un de nos fleurons industriels de niveau mondial. La raison principale est le niveau d’excellence de nos programmes et leur compétitivité. Ces succès d’aujourd’hui sont la démonstration de l’excellence des technologies développées hier ; si nous voulons être au premier plan mondial dans deux ou trois décennies il est indispensable de soutenir le développement de nouvelles technologies. Notre Base industrielle et technologique de défense et de sécurité actuelle résulte d’un effort continu que notre pays a mené durant des décennies.

Technologies de défense et de sécurité ne peuvent être obtenues que si science et recherche qui les précèdent sont elles aussi suffisamment entretenues. Tous ces travaux relèvent d’une grande complexité, mais c’est le champ d’actions de l’ONERA dont une mission est de préparer l’avenir à moyen et long termes. Pour cela il faut explorer de nombreuses pistes ce qui ne se fait pas sans prise de risques qu’il faut assumer.

Récemment l’ONERA a explicitement élargi le champ de ses recherches aux questions de sécurité avec sa participation au Conseil scientifique de la gendarmerie nationale. Cette participation fait suite au partenariat déjà engagé dès 2014 et concerne des domaines tels que : les systèmes de drones, la biométrie, la robotique terrestre et aérienne, la protection et la surveillance de sites.

Depuis sa création l’ONERA a pris toute sa part aux succès collectifs - associant industriels et organismes étatiques – des programmes aérospatiaux et de défense. Il ne faut pas oublier que ces succès reposent aussi sur l’effort investi dans la recherche. Plus que jamais dans une période de tension budgétaire il est important de se souvenir : « pas de programmes sans technologies, mais pas de technologies sans recherche ».