L'Université dans la presse

Retrouvez ici la revue de presse de la 17ème édition de l'Université d'été de la Défense.
 

 

 

 

"THALES, MBDA, NEXTER... POURQUOI L’ARMEMENT REVIENT EN FORCE DANS LE CHER ET LA LOIRE"

par Vincent LAMIGEON, journaliste à Challenges

 

Fer de lance de la réindustrialisation de la France, l'armement ? Forts d'une loi de programmation militaire ambitieuse et des bons résultats à l'export (9,1 milliards d'euros de ventes d'armes en 2018), les industriels de défense sont entrés dans une frénésie d'embauches que le secteur n'avait plus connue depuis des lustres. Le géant des navires militaires Naval Group prévoit de recruter 1 500 personnes en 2019. Le leader européen des missiles MBDA anticipe 500 recrutements en France cette année, comme en 2018. Le champion français des blindés et munitions Nexter a aussi recruté 500 salariés l'année dernière, faisant bondir ses effectifs de 11 % en un an. " Les industries d'armement, ce sont 200 000 emplois directs, et 400 000 emplois indirects, soit 13 % des emplois industriels en France ", estimait la ministre des Armées Florence Parly le 7 mai devant la Commission de la défense de l'Assemblée nationale.

Bourges et Roanne, bastions historiques

Les régions de Bourges (Cher) et Roanne (Loire), bastions historiques de l'armement terrestre, bénéficient de ce retour en force des vendeurs d'armes. MBDA y dispose de trois gros sites (deux à Bourges et un à Selles-Saint-Denis, dans le Loir-et-Cher), soit 2 000 salariés. C'est aussi le camp de base de Nexter, qui possède deux sites importants, à Roanne (intégration de blindés et de canons) et Bourges (munitions). Thales est également très présent, avec trois grosses implantations à Vendôme (avionique), Fleury-les-Aubrais (radars, missiles) et la Ferté-Saint Aubin (mortiers, roquettes).

Forts de l’éclatante santé de l’armement français, certains de ces sites sont en train de changer de dimension. Après des années de vaches maigres, l’usine centenaire de Nexter à Roanne, créée à la fin de la Première Guerre mondiale, va passer de 36 engins assemblés en 2018… à plus de 450 blindés produits par an à l’horizon 2022. Le site surfe sur une double vague : d’abord, le gigantesque programme Scorpion de renouvellement des blindés de l’Armée de terre. Allié à Arquus et Thales, Nexter devra livrer, d’ici à 2025, la bagatelle de 936 blindés multirôles Griffon, 150 engins de reconnaissance et de combat Jaguar, 122 chars Leclerc rénovés et 489 blindés légers Serval. Le site roannais devra aussi livrer les matériels vendus à l’export : 442 blindés pour la Belgique, mais aussi des canons Caesar pour le Danemark, l’Indonésie ou l’Arabie saoudite. C’est ainsi environ 5 000 blindés que le groupe devra assembler dans la Loire d’ici à 2030.

Difficultés de recrutement

Pour faire face à la demande, les effectifs ont gonflé de près de 50 % en trois ans, de 700 à 1 000 salariés. Ce qui n’est pas sans créer certaines tensions. « Nexter et ses sous-traitants recrutent énormément, ce dont on se réjouit, mais cela crée une grosse concurrence pour les autres industriels de la région, notamment dans la mécanique, explique Yves Nicolin, maire LR de Roanne. Cols bleus comme cols blancs sont difficiles à trouver. » Cela n’a pas empêché le chômage dans la région roannaise de diminuer de 5 % en 2018.

Bourges bénéficie aussi à plein de la santé insolente de l’industrie de défense. MBDA doit recruter environ 200 personnes cette année dans la région, première implantation industrielle du groupe. Usineurs, monteurs, techniciens méthodes, contrôleurs…, les besoins sont larges. « Il est difficile de pourvoir nos postes de techniciens, tous domaines confondus », déplore-t-on à la DRH du groupe. Un problème de riches, mais un problème quand même.

Cet article a été originellement publié sur le site Challenges.fr. Retrouvez-le à l'adresse suivante :
https://www.challenges.fr/entreprise/defense/l-armement-revient-en-force-dans-le-cher-et-la-loire_657348