CMI DEFENCE : LA SIMULATION EMBARQUÉE : UNE RÉVOLUTION DANS LA PRÉPARATION OPÉRATIONNELLE DES ARMÉES
Par Emmanuel CHIVA, AGUERIS
Et Anne-François LAIME, CMI Defence
Kidal, Mali, 7h du matin. Au cœur de l’opération Barkhane, les militaires français sont à bord d’un véhicule blindé de dernière génération, qui contrôle un point de passage sensible. Soudain, des pick-up armés font leur apparition. Le chef de char réagit immédiatement, effectue une télémétrie laser, le tireur tire et neutralise les premières cibles, tandis qu’un blindé ennemi fait son apparition. Il est aussitôt pris en compte et détruit par un tir d’hélicoptère Tigre appelé en renfort. Une fois l’action achevée, l’équipage sort de son blindé et retrouve le paysage de Kidal…où rien ne laisse à penser qu’une action militaire vient de s’achever. Pas de fumée, aucun pick-up détruit, pas d’hélicoptère. Car ce que les militaires viennent de réaliser, c’est un exercice d’entraînement utilisant la simulation embarquée.
Il ne s’agit pas là d’un scénario de science-fiction, mais bien du futur de la préparation opérationnelle, préfigurant ce que sera l’entraînement ordinaire dans quelques années. Car la simulation est une pratique en évolution constante, qui connaît aujourd’hui une rupture avec le concept de simulation embarquée.
Jusqu’à présent, s’entraîner au pilotage d’un engin ou au maniement d’un système d’armes nécessitait la construction d’un simulateur dédié, généralement sous la forme d’une cabine parfois montée sur vérins, et dotée de systèmes de projection immersive. De tels systèmes ont été développés pour de nombreux véhicules ou aéronefs, et permettent un entraînement réaliste, mais nécessitant des emprises importantes pour leur installation et leur maintien en condition opérationnelle. En outre, ce sont des systèmes coûteux : typiquement, le prix d’un simulateur virtuel est de plusieurs millions d’euros, sans compter la maintenance et le coût d’exploitation. Enfin, ils sont fixes : généralement au sein d’un centre d’entraînement spécialisé, ils nécessitent une infrastructure importante, loin des garnisons ou bases militaires.
Compte tenu de la diversité des engagements opérationnels à venir de l’armée française, s’entraîner et maintenir ses savoir-faire en tout temps et en tous lieux devient une nécessité impérieuse. Le modèle consistant à planifier à l’avance des rotations sur des centres d’entraînement (GTIA) dédiés n’est donc plus suffisant. Les outils de préparation opérationnelle doivent permettre la conduite et le contrôle de l’instruction individuelle et collective des savoir-faire techniques et tactiques sur le système d’armes réel. Ils doivent également permettre de s’approprier rapidement les nouveaux systèmes d’armes et leur doctrine en multipliant les points et les opportunités d’entraînement.
En opérations, il s’agit d’entretenir les savoir-faire notamment lors des relèves et de préparer des missions sur un théâtre donné en utilisant la simulation comme un outil d’aide à la décision, afin de valider ou d’infirmer des modes d’action. Enfin, il s’agit de réaliser la « virtualisation » partielle du pôle réel en générant un ennemi virtuel hors des limites des camps d’entraînement. Il devient ainsi possible de s’entraîner au combat aéroterrestre, ou au tir au-delà de la vue directe, sans mobiliser les aéronefs réels, et dans un espace géographique restreint.
La simulation embarquée permet de répondre à ces défis. Elle consiste à instruire, entraîner et préparer la future mission du personnel militaire au cœur même de leur unité de combat, dans leur propre véhicule, avec les systèmes d’armes réels. Cette technologie est tout d’abord apparue dans le monde aérien, avec l’utilisation au sein de certains avions d’entraînement comme le Hawk britannique de « modes de simulation » permettant de s’entraîner au suivi des pistes radars en injectant des plots virtuels dans le système réel. De la même manière, dans le monde marin, la simulation embarquée permet de densifier ou de faciliter l’entraînement à la mer en proposant un mode de simulation au sein des équipements réels du central opérations.
Le domaine terrestre représente – pour ce qui est de la simulation embarquée – une complexité supplémentaire. En premier lieu, il est difficile d’embarquer des moyens de calcul et de simulation à l’intérieur d’un blindé ou d’une tourelle, même si les nouvelles architectures de calcul sont potentiellement plus compactes, plus puissantes et plus résistantes.
Une seconde difficulté a trait à la stimulation des équipements opérationnels, ce qui nécessite de dialoguer avec la vétronique de l’engin, de s’interfacer avec la logique de tir, et cela, en toute sécurité. Mais il s’agit aussi de pouvoir injecter des éléments virtuels au sein des épiscopes ou des systèmes de vision du chef, du pilote, du tireur.
Pour cela, on utilise des technologies de réalité virtuelle (en utilisant des épiscopes numériques) ou de réalité augmentée, afin de superposer des entités virtuelles sur un paysage réel en parfaite cohérence avec ce dernier, ce qui pose des problèmes d’intelligence et de vision artificielle. Typiquement, ce sont des problèmes analogues à ceux de la robotique ; le domaine de la simulation embarquée devrait donc bénéficier largement de l’avancement des programmes de développement de robotique autonome terrestre.
La société CMI Defence et sa filiale Agueris ont été parmi les premiers à spécifier, développer et déployer de telles solutions de simulation embarquée pour les équipages de tourelles (tourelles Cockerill® de 30/40mm, 90mm et 105mm). Elles sont destinées à entraîner le tireur comme le chef d’engin, par la stimulation de la vétronique de la tourelle.
En France, avec le programme SCORPION, la simulation n’est pas vue comme un ajout mais comme une brique essentielle du programme, dont les véhicules comme par exemple le Jaguar, intégreront nativement des capacités de simulation embarquée.
La simulation embarquée représente donc une innovation de rupture, pour la préparation des forces mais aussi dans une optique d’aide à la décision, permettant d’embarquer au sein du système opérationnel tous les éléments d’assistance et d’intelligence au service des opérationnels.
Et Anne-François LAIME, CMI Defence
Kidal, Mali, 7h du matin. Au cœur de l’opération Barkhane, les militaires français sont à bord d’un véhicule blindé de dernière génération, qui contrôle un point de passage sensible. Soudain, des pick-up armés font leur apparition. Le chef de char réagit immédiatement, effectue une télémétrie laser, le tireur tire et neutralise les premières cibles, tandis qu’un blindé ennemi fait son apparition. Il est aussitôt pris en compte et détruit par un tir d’hélicoptère Tigre appelé en renfort. Une fois l’action achevée, l’équipage sort de son blindé et retrouve le paysage de Kidal…où rien ne laisse à penser qu’une action militaire vient de s’achever. Pas de fumée, aucun pick-up détruit, pas d’hélicoptère. Car ce que les militaires viennent de réaliser, c’est un exercice d’entraînement utilisant la simulation embarquée.
Il ne s’agit pas là d’un scénario de science-fiction, mais bien du futur de la préparation opérationnelle, préfigurant ce que sera l’entraînement ordinaire dans quelques années. Car la simulation est une pratique en évolution constante, qui connaît aujourd’hui une rupture avec le concept de simulation embarquée.
Jusqu’à présent, s’entraîner au pilotage d’un engin ou au maniement d’un système d’armes nécessitait la construction d’un simulateur dédié, généralement sous la forme d’une cabine parfois montée sur vérins, et dotée de systèmes de projection immersive. De tels systèmes ont été développés pour de nombreux véhicules ou aéronefs, et permettent un entraînement réaliste, mais nécessitant des emprises importantes pour leur installation et leur maintien en condition opérationnelle. En outre, ce sont des systèmes coûteux : typiquement, le prix d’un simulateur virtuel est de plusieurs millions d’euros, sans compter la maintenance et le coût d’exploitation. Enfin, ils sont fixes : généralement au sein d’un centre d’entraînement spécialisé, ils nécessitent une infrastructure importante, loin des garnisons ou bases militaires.
Compte tenu de la diversité des engagements opérationnels à venir de l’armée française, s’entraîner et maintenir ses savoir-faire en tout temps et en tous lieux devient une nécessité impérieuse. Le modèle consistant à planifier à l’avance des rotations sur des centres d’entraînement (GTIA) dédiés n’est donc plus suffisant. Les outils de préparation opérationnelle doivent permettre la conduite et le contrôle de l’instruction individuelle et collective des savoir-faire techniques et tactiques sur le système d’armes réel. Ils doivent également permettre de s’approprier rapidement les nouveaux systèmes d’armes et leur doctrine en multipliant les points et les opportunités d’entraînement.
En opérations, il s’agit d’entretenir les savoir-faire notamment lors des relèves et de préparer des missions sur un théâtre donné en utilisant la simulation comme un outil d’aide à la décision, afin de valider ou d’infirmer des modes d’action. Enfin, il s’agit de réaliser la « virtualisation » partielle du pôle réel en générant un ennemi virtuel hors des limites des camps d’entraînement. Il devient ainsi possible de s’entraîner au combat aéroterrestre, ou au tir au-delà de la vue directe, sans mobiliser les aéronefs réels, et dans un espace géographique restreint.
La simulation embarquée permet de répondre à ces défis. Elle consiste à instruire, entraîner et préparer la future mission du personnel militaire au cœur même de leur unité de combat, dans leur propre véhicule, avec les systèmes d’armes réels. Cette technologie est tout d’abord apparue dans le monde aérien, avec l’utilisation au sein de certains avions d’entraînement comme le Hawk britannique de « modes de simulation » permettant de s’entraîner au suivi des pistes radars en injectant des plots virtuels dans le système réel. De la même manière, dans le monde marin, la simulation embarquée permet de densifier ou de faciliter l’entraînement à la mer en proposant un mode de simulation au sein des équipements réels du central opérations.
Le domaine terrestre représente – pour ce qui est de la simulation embarquée – une complexité supplémentaire. En premier lieu, il est difficile d’embarquer des moyens de calcul et de simulation à l’intérieur d’un blindé ou d’une tourelle, même si les nouvelles architectures de calcul sont potentiellement plus compactes, plus puissantes et plus résistantes.
Une seconde difficulté a trait à la stimulation des équipements opérationnels, ce qui nécessite de dialoguer avec la vétronique de l’engin, de s’interfacer avec la logique de tir, et cela, en toute sécurité. Mais il s’agit aussi de pouvoir injecter des éléments virtuels au sein des épiscopes ou des systèmes de vision du chef, du pilote, du tireur.
Pour cela, on utilise des technologies de réalité virtuelle (en utilisant des épiscopes numériques) ou de réalité augmentée, afin de superposer des entités virtuelles sur un paysage réel en parfaite cohérence avec ce dernier, ce qui pose des problèmes d’intelligence et de vision artificielle. Typiquement, ce sont des problèmes analogues à ceux de la robotique ; le domaine de la simulation embarquée devrait donc bénéficier largement de l’avancement des programmes de développement de robotique autonome terrestre.
La société CMI Defence et sa filiale Agueris ont été parmi les premiers à spécifier, développer et déployer de telles solutions de simulation embarquée pour les équipages de tourelles (tourelles Cockerill® de 30/40mm, 90mm et 105mm). Elles sont destinées à entraîner le tireur comme le chef d’engin, par la stimulation de la vétronique de la tourelle.
En France, avec le programme SCORPION, la simulation n’est pas vue comme un ajout mais comme une brique essentielle du programme, dont les véhicules comme par exemple le Jaguar, intégreront nativement des capacités de simulation embarquée.
La simulation embarquée représente donc une innovation de rupture, pour la préparation des forces mais aussi dans une optique d’aide à la décision, permettant d’embarquer au sein du système opérationnel tous les éléments d’assistance et d’intelligence au service des opérationnels.