Position Papers des partenaires

Retrouvez ci-dessous les Position Papers des partenaires de l'Université d'été de la Défense 2019 :


« Comment atteindre la supériorité sur le champ de bataille numérique ? »

 

Plus qu’une numérisation ou transformation, la Défense vit une révolution. Dès aujourd’hui l’appropriation et le développement adéquats et raisonnés des nouvelles technologies garantissent la supériorité en opération, au service de la préservation de la paix et de la souveraineté. Depuis des années, Thales se prépare au défi majeur du combat de demain sur un champ de bataille de plus en plus numérisé et connecté.

Au cœur de notre ADN, l’innovation et l’expertise duale permettent de tirer parti des technologies civiles et d’établir un dialogue constructif entre le civil et la défense. La Digital Factory, et Station F où  Thales est référent cybersécurité, préfigurent ces modes de collaboration fructueux et essentiels pour s’assurer un temps d’avance technologique.
L’investissement massif dans la connectivité, le big data, l’intelligence artificielle et la cybersécurité est la garantie d’une efficacité accrue en opération. Ces technologies permettent de nombreuses améliorations dont le combat collaboratif connecté, enjeu majeur du SCAF mais aussi un gain de sécurité et de protection des personnels. Quelques exemples au service de capacités fondamentales et structurantes :
  • Renforcer l’efficacité du renseignement. L’IA n’est pas nouvelle, mais la conjonction de la maturité des algorithmes, de la puissance de calcul et du volume de données permet des capacités d’investigation toujours plus importantes. Là où il faut environ 300 heures à des analystes expérimentés pour exploiter des images recueillies sur 3000 km2, un système de reconnaissance d’images assisté d’IA permet d’analyser les données en temps réel.
  • Développer les potentialités du combat collaboratif connecté prenant forme dans le programme Scorpion. Notre système de systèmes C4I[1] augmenté s’appuyant sur l’IA, le big data et des clouds cybersécurisés permet le combat collaboratif connecté en environnement interarmées ainsi qu’une solution de connectivité fournissant des services de bout en bout, sûrs et adaptables aux différentes plateformes aéroportées.
  • Favoriser la maintenance prédictive. S’appuyant sur des capteurs enregistrant l’utilisation de nos équipements, l’IA laisse entrevoir une issue à l’enjeu prioritaire du MCO et de gestion des flottes, une priorité pour nos armées.
 
Face à l’explosion du volume de données non structurées et hétérogènes, le contrôle de la donnée et de son intégrité est également un important facteur différenciant. Pour recueillir, stocker, qualifier, hiérarchiser, traiter les données, les technologies classiques ne suffisent plus. Le big data analytics est une partie de la solution, permettant de disposer des bonnes données au moment critique pour les transformer en information utile.
L’industrie de défense se transforme donc pour répondre aux nouveaux besoins des armées comme définis par le Ministère des Armées et en lien avec les innovations de l’Agence pour l’innovation de défense.
Parce que l’écosystème de combat se transforme, la réflexion sur la transformation numérique doit être commune, entre praticiens des technologies numériques et client opérationnel. D’où la nécessité d’appréhender l’ensemble des enjeux, en matière de formation, d’interopérabilité et de coopérations avec nos alliés européens et internationaux.
Aide à la décision, combat collaboratif, cyber tactique, logistique… les perspectives sont stimulantes et prometteuses mais ne doivent pas masquer d’importantes exigences liées aux nouvelles technologies. Notre capacité à y répondre concrètement, de façon responsable, cybersécurisée et éthique est clé pour l’avenir.  
La cybersécurité est devenue essentielle à tout système militaire. Les systèmes d’armes étant de plus en plus interconnectés, ils doivent être conçus de façon cybersécurisée afin de faire face à une menace exponentielle et garantir le fonctionnement de la chaîne décisionnelle, en toute confiance. Sont en jeu la protection de nos systèmes, de nos informations stratégiques et notre liberté d’action.
Mais au-delà de la technique pure, les enjeux éthiques doivent être au cœur de notre réflexion, comme ils guident celle des armées. Comment opérer dans le champ de bataille numérique sans s’interroger sur sa responsabilité face à des systèmes de plus en plus intelligents et autonomes ? Nous défendons une approche de l’intelligence artificielle appelée Thales TrUE AI : transparente, où les utilisateurs ont accès aux données exploitées pour parvenir à une conclusion ;  intelligible, car permettant d’expliquer les résultats ; éthique, car respectant des protocoles attendus, la législation et les droits de l’homme. Il en va de la responsabilité morale de chacun et d’une conciliation homme-machine capable de libérer le potentiel humain, loin de l’image du « robot tueur » agitée par certains. La confiance ne se décrète pas. Elle ne dépend pas que des outils et systèmes eux-mêmes, mais du cadre qu’on leur définit, des limites qu’on leur impose. Notre charte sur l’Ethique et la transformation numérique définit nos lignes rouges dans les applications militaires : « augmenter » l’homme pour l’aider à prendre les meilleures décisions tout en lui permettant de rester maître du choix final, voilà ce qui nous guide au quotidien.
 
En usant des potentialités des technologies numériques, avec discernement et responsabilité, le monde de la Défense se donne les moyens de répondre aux défis passionnants des conflits contemporains. Il s’agit de développer des systèmes pour un milieu à nul autre pareil, exigeant à la fois efficacité à toute épreuve, adaptabilité, résilience et pleine conscience. En somme, de « mieux combattre dans le numérique, avec le numérique ». Sachons être à la hauteur de ce champ de bataille révolutionné en offrant une vision des théâtres d’opérations et des solutions adaptées dont nous pouvons être fiers.
 
[1] Computerised Command, Control, Communications and Intelligence



Les industriels de l’armement face au défi des systèmes complexes
 

Troisième groupe aéronautique mondial (hors avionneur), Safran est aussi un acteur majeur de l’industrie de défense. Il doit adapter son offre aux évolutions permanentes du champ de bataille, dans un monde en proie à des menaces protéiformes. Cela passe par l’innovation : nous y investissons près de 10% du chiffre d’affaires réalisé par nos activités défense, ce qui fait d’elles, en proportion, celles où nos dépenses en R&D sont les plus élevées

Qu’est-ce qui caractérise ces innovations aujourd’hui ? La nécessité de « penser système ». Cette exigence, au cœur du travail d’un fournisseur, est accrue par le fait que tout système s’inscrit maintenant dans d’autres systèmes à la complexité croissante. Il ne s’agit plus de proposer des solutions pour tel appareil, mais d’anticiper, dès la phase de conception des réacteurs et des équipements militaires, les interactions de plus en plus complexes qu’ils auront avec d’autres composantes, aériennes, terrestres, maritimes et spatiales.
Cette nouvelle donne, incluant nos produits dans des systèmes complexes à interactions multiples, a au moins trois conséquences sur notre manière de les concevoir.
Il y a d’abord leur digitalisation toujours plus poussée. Elle est nécessaire pour répondre aux enjeux opérationnels actuels, qui exigent plus de collaboration et une meilleure perception de l’environnement tactique. La connectivité du champ de bataille et une gestion toujours plus fine d’un nombre toujours plus élevé de données en sont la conséquence directe : cloud de combat, emploi de l’intelligence artificielle et de la robotique, capteurs de haute technologie, interfaces « augmentées » et intuitives…les technologies doivent fluidifier les interactions entre les hommes, entre les hommes et les plateformes, ainsi qu’entre les plateformes elles-mêmes. Cette exigence de communication en réseau était au cœur de FELIN, entré en services dès 2010 et optimisé par des retours d’expérience. La connectivité est devenue aujourd’hui la pierre angulaire de Scorpion, dont Safran contribue au système de communication en cotraitance avec Bull. De même, le SCAF (Système de Combat Aérien Futur), constitué non seulement d’un aéronef de combat mais de solutions d’actions collaboratives—tel qu’essaim de drones ou effecteurs air-sol, dont Safran a démontré sa maitrise avec l’AASM—doit faire appel à des technologies digitales ad hoc satisfaisant à la fois les enjeux de réactivité opérationnelle et de sécurité des données.

La deuxième conséquence de l’avènement des systèmes complexes concerne les ressources humaines. L’industrie de l’armement a besoin de nouvelles compétences, notamment celles requises par la fonction d’Architecte Système. La mise à disposition de ces compétences est un enjeu majeur. Safran a mis en place une formation interne de haut niveau consacrée aux nouveaux métiers de l’industrie de défense, comme la fonction d’Architecte Système ou celles qui ont trait au Model Base Design. Notre Groupe est en relation étroite avec les écoles d’ingénieur européennes au sein de programmes structurants visant à renforcer les cursus d’ingénierie systèmes dans l’Union.

Précisément, la troisième conséquence de la mise en réseau du champ de bataille est le renforcement de la coopération entre tous les acteurs de la communauté de défense européenne. La nécessité d’une approche internationale, encouragée par les initiatives de l’Union, se fait particulièrement sentir à l’heure où l’évolution des technologies se traduit par des développements toujours plus coûteux. Le programme Scorpion est développé en coordination avec les forces armées françaises et belges. La conception du chasseur du programme SCAF, lancé par les gouvernements français et allemands, confié à Dassault et Airbus Defense & Space pour le design, ainsi qu’à Safran et MTU Engines pour la motorisation, ouvre la voie à une coopération transfrontalière plus large, facilitant l’utilisation future de l’appareil à l’échelle continentale. Au Salon du Bourget, Safran a signé un accord avec l’allemand Hensoldt et l’espagnol Mades pour développer la boule d’observation gyrostablisée qui équipera le drone européen. Le fonds européen de défense encourage ce type de coopérations, qui devraient contribuer à l’homogénéisation des armements et à la facilitation de l’engagement collaboratif des forces alliées. En tant qu’interface unique entre l’industriel et les utilisateurs, la DGA révèle ici toute son importance, à l’heure où les acteurs se diversifient et s’internationalisent.

Quand on parle des mutations du champ de bataille, il y a les technologies. Mais il y a surtout les femmes et les hommes de la défense. Chaque année, et tout particulièrement en 2019, où furent mis à l’honneur les blessés de nos conflits, le défilé du 14 juillet nous rappelle que c’est à leur service que travaillent avant tout les industriels de l’armement. C’est vers leur succès sur les terrains d’opération que doivent être tournés nos efforts. C’est l’amélioration de leur sécurité et de leur action, au travers de matériels toujours plus performants et faciles d’utilisation, que nous devons sans cesse avoir en ligne de mire. Cette amélioration continue passe par la constitution de systèmes complexes, assurant aux opérations une cohérence et une efficacité toujours plus grandes, au bénéfice de nos soldats, de leur vie et des valeurs dont ils sont les gardiens.