SAFRAN : INNOVER POUR LA SOUVERAINETÉ

Pour les industriels de l’armement, l’innovation est le moteur de la compétitivité. La R&T est le cœur de ce moteur. C’est particulièrement clair dans le contexte actuel, où les dépenses militaires augmentent partout dans le monde et où les nouvelles technologies peuvent conduire à des ruptures. De plus, la production des armes n’est amortie qu’à long terme par des équilibres parfois difficiles à trouver, avec une part grandissante du chiffre d’affaires réalisé à l’export, sous le contrôle rigoureux des Etats. Ainsi, bien qu’investissant énormément dans la R&T de défense, Safran, comme l’ensemble de ses partenaires et alter ego, doit pouvoir compter sur le soutien des pouvoirs publics pour faire face aux défis qui sont aujourd’hui ceux de l’industrie de défense en matière de recherche. En phase avec cette analyse, la DGA a décidé de faire passer son budget consacré aux recherches amont de 730 millions à un milliard d’euros d’ici à 2022. Quant à l’Union européenne, elle lance en 2021 le Fonds européen de défense, doté de 13 milliards d’euros.
 
Cette prise de conscience est à saluer. Elle ne produira tous ses effets qu’à au moins deux conditions.
 
La première, c’est que l’objectif d’accorder 2% du PIB des pays membres de l’OTAN à la défense, dont 20% aux nouveaux matériels et la recherche, soit bien poursuivi par les pays européens. Ils ont renouvelé cet engagement au sommet de cette année. Les Etats ne doivent pas se décharger de leurs obligations en matière de défense sous prétexte que les budgets européens augmenteraient. Afin qu’un cercle vertueux s’établisse au sein de l’Europe entre commandes et recherche amont, il faut aussi, en parallèle, trouver le bon équilibre entre liberté de choix des armements et soutien à la base industrielle. Sans être protectionniste, on peut regretter que les pays membres soient souvent tentés, pour des raisons non pas techniques, mais politiques, par des solutions extracontinentales, américaines notamment.
 
La deuxième condition pour que les augmentations de moyens portent tous leurs fruits, c’est qu’ils soient orientés vers des besoins clairement définis par l’ensemble des parties prenantes. Composants électroniques et photoniques, autonomie de conduite, champ de bataille connecté, matériaux…Les domaines de recherche potentiels sont nombreux. L’avion de combat du futur devrait être placé tout en haut de la liste. Car les opérations récentes l’ont démontré : la composante aérienne est la clé de voûte de l’édifice de défense. Les puissances européennes, France en tête, doivent consentir à des efforts de recherche importants si elles veulent rester à l’état de l’art. Les discussions avec l’Allemagne sur la préparation du futur système de combat aérien, incluant avion de chasse, drones et systèmes de commandement, sont donc décisives. Safran répondra présent le moment venu pour contribuer à ce défi majeur. En attendant que les convergences sur les objectifs se précisent à l’échelle européenne, le cadre national demeure essentiel, seule la France étant pour l’heure en mesure, avec les Etats-Unis et la Russie, de réaliser un avion de combat entier.
 
Le moteur est une pièce maitresse de l’avion de combat, qui, pour ainsi dire, est construit autour de son système de propulsion. Il entre pour beaucoup dans son coût. Même si le M88 de Safran, qui équipe le Rafale, a acquis une solide réputation de performance, de fiabilité, et de disponibilité opérationnelle, sa technologie n’en a pas moins 20 à 30 ans d’âge. Or la naissance d’un moteur prend de nombreuses années. De plus, elle doit précéder le développement d’un nouvel avion. Il faut donc accélérer sans tarder la recherche sur la motorisation du futur. Ainsi, pour réussir l’avenir du Rafale et le futur système de combat franco-allemand, c’est dès maintenant que nous devons préparer l’évolution de son moteur et la génération électrique associée. Il faut pour cela renforcer l’investissement dans les briques technologiques élémentaires et lancer des démonstrateurs, indispensables pour pousser au meilleur niveau les compétences d’intégration qui caractérisent les motoristes complets.
 
Chacun doit éprouver un sentiment d’urgence à l’heure où de nouveaux acteurs s’ajoutent aux compétiteurs traditionnels. C’est en investissant massivement, dès aujourd’hui, dans la R&T, notamment pour préparer l’avion du futur, que nous assurerons durablement notre défense ainsi que celle de nos alliés. Soyons confiants en l’avenir : riches d’un savoir-faire et d’une expérience reconnus, forts de l’accompagnement des pouvoirs publics, les industriels de la défense français et européens sauront préparer les armements nécessaires à la souveraineté de demain.