Airbus : une stratégie européenne au coeur des ambitions de défense de la France

Un an après la publication de la Stratégie globale de l’Union européenne présentée en juin 2016, les enjeux auxquels la France et l’Union européenne se trouvent confrontées en matière de défense restent de taille. Une instabilité croissante dans son voisinage, la résurgence des stratégies étatiques de puissance et de profondes transformations technologiques sont autant de défis auxquels l’Europe doit faire face et qui sont d’une ampleur telle qu’aucun Etat ne serait en mesure de les relever seul. Or le projet européen est mis à l’épreuve avec une Union écartelée entre le risque de dislocation, le statu quo à ce jour non pérenne et une évolution plus fédérale que refuse une partie de ses Etats membres.
 
La période qui s’ouvre est caractérisée par une relance des réflexions et projets autour de la défense européenne et de la coopération militaire franco-allemande, avec une impulsion politique redevenue forte. Ces problématiques sont familières à Airbus, d’autant plus qu’elles furent fondatrices dans la création de notre société, qui entend bien être un acteur majeur des chantiers qui s’ouvrent devant nous.
 
Or, si le défi est politique, il est aussi industriel. Pour pouvoir faire face aux menaces, l’Europe doit affermir son autonomie stratégique. Pour cela, il est indispensable de développer des technologies clés et des capacités militaires afin de garantir une indépendance européenne inexistante sans une réelle maîtrise de l’équipement des armées.
 
Plus que jamais, la défense reste au cœur de la stratégie d’Airbus, qui entend demeurer le premier industriel contribuant à la défense et à la sécurité en Europe. Avec 11,1 milliards d’euros de chiffres d’affaires dans ce secteur en 2016, il se situe au premier rang dans l’Union Européenne. En France, Airbus est le premier fournisseur de la DGA, avec 2,3 milliards de paiements en 2016, auxquels doivent être ajoutés plus de 700 millions au titre des activités de MCO et 100 millions de R&T financée par le ministère de la Défense.
 
Cette réalité oblige Airbus, qui est un partenaire essentiel des armées pour leurs grandes fonctions capacitaires. La société fournit des solutions de haute technologie répondant aux attentes de ses clients dans la défense et la sécurité voire les anticipant (A400M, Tigre, NH90, et bientôt MRTT,  CSO, HIL, avions de mission, VHR700, Syracuse IV, MALE RPAS ou FCAS/NGWS). Airbus est aussi un acteur historique majeur des outils de la dissuasion et de son environnement, au travers des composantes océanique et aéroportée, ainsi que des moyens du renseignement.
 
La recherche de la maintenabilité à coûts maîtrisés dès la conception et la conduite des programmes militaires pour garantir la meilleure disponibilité possible et le coût opérationnel le plus bas des équipements livrés est en outre une priorité pour les nouveaux programmes dont nous avons la responsabilité.
 
La mise en réseau au sein des ensembles de forces et de systèmes devient également un marqueur essentiel du développement capacitaire. Elle permet d’accroître l’efficacité des forces et leur agilité, tout en ouvrant la voie à une optimisation de l’emploi de moyens toujours comptés. En contrepartie, elle fait naître des vulnérabilités nouvelles désormais bien identifiées. Cette évolution majeure de la constitution des capacités militaires est au cœur des solutions du futur pour répondre aux besoins opérationnels. Nos plateformes aériennes (hélicoptères, drones, avions de mission, etc.) sont désormais considérées comme des éléments de systèmes de systèmes intégrés. Ce continuum entre plateformes, systèmes de communication et systèmes d’information ouvre le champ des possibles et nourrit la volonté d’Airbus de devenir un acteur industriel des communications satellitaires, avec COMCEPT aujourd’hui et SYRACUSE IV demain.
 
La digitalisation ouvre aussi de nouvelles voies pour l’amélioration de la performance, au travers d’un apport considérable  dans la conception, la production et le soutien des systèmes et équipements militaires futurs : plateformes interconnectées, pseudo satellites, UAVs, robotisation, cyberdéfense, big data et intelligence artificielle, etc.
 
Elle augmentera encore fortement la performance opérationnelle, en permettant la réduction des temps de développement des programmes, l’accélération de la montée en maturité des nouveaux équipements et la mise en œuvre de nouveaux concepts de soutien sur la durée de vie des équipements.
 
La digitalisation se traduit enfin par un accroissement de la performance industrielle, au travers du concept d’usine du futur, déjà largement mis en œuvre au sein d’Airbus. Elle permet également de développer des activités de service contribuant aux objectifs de sécurité des entités publiques, en exploitant les données fournies par les plateformes.
 
Pour faire face aux évolutions et aux ruptures technologiques, dont certaines alimentent l’instabilité de l’environnement géostratégique, et pour que l’Europe soit garante de sa défense et de sa sécurité, une redynamisation de la coopération de défense est nécessaire. Airbus, entreprise européenne, entend être le fer de lance d’une base industrielle européenne de défense qui soit compétitive au niveau mondial. Les grands programmes que nous conduisons sont déjà menés, pour la plupart,  en coopération et produisent des capacités opérationnelles partagées remarquables.
 
Mais cela reste insuffisant dans un domaine très marqué par les préférences nationales, alors que l’efficacité de la dépense publique pourrait être renforcée et la capacité d’innovation accrue grâce aux économies d’échelle. La coopération entre la France et l’Allemagne peut jouer un rôle moteur pour que les programmes futurs s’affranchissent de ces difficultés et soient, avec des règles de gouvernance rénovées, des projets performants autant sur le plan politique que sur le plan industriel.